A la vie!
À la vie ! prend pour terrain d'enquête un sujet intime, politique, universel, toujours polémique et parfois tabou : celui du passage de la vie à la mort.
Le spectacle s'écrit au croisement de scènes du répertoire théâtral et d'une écriture documentaire née d’une enquête en milieu hospitalier et au centre d’éthique clinique à Paris. Le spectacle met en jeu à la fois les questions de la représentation et les grandes questions éthiques et légales posées par la question de la fin de vie aujourd'hui en France.
TEASER
ÉQUIPE
Écriture : Élise Chatauret, Thomas Pondevie et la Compagnie Babel
Mise en scène : Élise Chatauret
Dramaturgie et collaboration artistique : Thomas Pondevie
Avec : Justine Bachelet, Solenne Keravis, Manumatte, Charles Zévaco et Juliette Plumecocq-Mech
Scénographie : Charles Chauvet
Costumes : Charles Chauvet assisté de Morgane Ballif
Lumières : Léa Maris
Création sonore : Lucas Lelièvre assisté de Camille Vitté
Régie générale/ direction technique : Jori Desq
Conseil médical à l'écriture : Véronique Fournier
Diffusion et développement : Marion Souliman
Production et administration : Lucie Guillard et Marie Ponçon / Véronique Felenbok
Décor : Atelier de la MC2:Grenoble
Nos remerciements les plus chaleureux vont à Véronique Fournier, Nicolas Foureur et l’ensemble des membres du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin pour leur importante contribution à ce spectacle ; à Frederic Wiseman pour son très grand film Near death (1989) qui a beaucoup inspiré le spectacle ; à Anne Georget dont le documentaire Question d’éthique (2009) a nourri l’ensemble de l’équipe ; à Sophie Wahnich pour ses questions et éclairages ainsi qu’à Clothilde Nollet, Magali Sabot, Diane Sagard et Jean Haillet, qui se sont prêtés au jeu de l’entretien avec nous.
PRESSE
TELERAMA
« TT - Elise Chatauret défie la finitude humaine (...). Cette artiste, dont l'imaginaire se nourrit constamment du réel, pose une question où s'entrecroisent l'intime et le politique : a-t-on le droit de choisir le moment de sa mort ? De l'euthanasie aux agonies subies en passant par l'éthique médicale, elle multiplie les pistes de réflexion et fait un détour magistral en évoquant le dernier souffle de grandes figures du répertoire. Ce spectacle qui ose traiter la mort comme un jeu la prend aussi très au sérieux. C'est là son paradoxe et son intérêt." Joëlle Gayot, 03/11/21 republié le 04/01/22
LE JOURNAL D'ARMELLE HELIOT, "L'art puissant d'Elise Chatauret"
« Sur un texte composé avec Thomas Pondevie et la compagnie Babel, Elise Chatauret met en scène des comédiens sensibles dans une réflexion profonde sur la mort, le passage, qu’elle intitule « A la vie ! Et c'est formidable! (...) L’intelligence de la construction, la fermeté de la direction, l’humanité sans mièvrerie qui irrigue chaque scène, tout concourt à donner une force rare à la représentation. Le groupe des interprètes, familiers de l’univers d’Elise Chatauret, et esprits actifs de la conception de l’ensemble, est composé de personnalités rares. La jeune Justine Bachelet, présence et harmonie, vivacité, Juliette Plumecocq-Mach, précise comme fine lame et très sensible, Solenne Keravis, celle qui traverse les apparences, Emmanuel Matte, dans la densité, la métamorphose, Charles Zévaco, vif argent épanoui dans une danse époustouflante, sont unis et singuliers. "» Armelle Heliot, 10/101/ 22
L'HUMANITE, "Choisir sa fin de vie dans un éclat de rire".
« Avec "A la vie !", Elise Chatauret met en scène la mort. Un étonnant spectacle très documenté, sensible et souvent drôle. (...) La réussite est parfaite. (...) Les comédiens de la troupe, Justine Bachelet, Solenne Keravis, Emmanuel Matte, Charles Zévaco et Juliette Plumecocq-Mech [sont] excellents. » Gérald Rossi, 10/01/ 22l
MEDIAPART, LE BLOG DE JEAN-PIERRE THIBAUDAT
« Grandeur du « théâtre documenté », terme que revendique, à bon droit, Élise Chatauret, dès lors que le document ne paralyse pas le théâtre mais qu’ils se dévorent l’un l’autre. On pense un peu à cette émission de télé qui s’appelait, si ma mémoire est bonne, « Les dossiers de l’écran ». Après une fiction ciblée, on débattait sur le plateau des problèmes éthiques, civiques et autres que la fiction soulevait. Sauf que Chatauret mêle fiction, introspection et discussion sur le plateau dans un jeu d’allers-retours où elle est passée maître.» Jean-Pierre Thibaudat, 10/01/22
LE CANARD ENCHAÎNÉ
« Dans le même spectacle, Elise Chatauret et sa compagnie Babel ont réussi l’exploit de nous faire rire, de nous toucher et de nous interroger. (…) Trois jours après, on y repense. » Mathieu Perez, 02/12/ 20
LA TERRASSE
« C’est en célébrant de belle façon sa liberté d’artiste que l’autrice et metteuse en scène Elise Chatauret aborde le sujet de la mort. Depuis la légèreté du jeu jusqu’à la gravité des enjeux éthiques, elle façonne avec ses touchants comédiens une ode à la vie autant qu’au théâtre. » Agnès Santi, 20/11/20
NOTE D'INTENTION
En mars 2019, je proposais à l’ensemble de l’équipe de notre précédent spectacle un thème de recherche et d’enquête pour une nouvelle création : la mort. Mon hypothèse de départ était : Est ce que le rapport qu’une société entretient avec la mort dit quelque chose d’elle-même? De son évolution ? De son degré d’humanité ? De son organisation anthropologique ? De son système politique ?
D’avril à décembre 2019, je passais plusieurs mois dans des services de réanimation, je rencontrais des médecins en soins palliatifs, des psychologues. Avec l’équipe nous rencontrions Véronique Fournier, alors directrice du centre d’éthique clinique de l’Hôpital Cochin. Nous commencions un travail approfondi sur l’éthique et son fonctionnement, ses outils. Nous interrogions aussi la loi, son évolution.
Cette plongée dans la question de la mort se révéla abyssale : nos certitudes se fissuraient, chaque situation levant de nouveaux voiles, révélant de nouvelles subjectivités, de nouveaux points de vue que nous n’avions jamais envisagés et que nous pouvions pourtant comprendre et épouser. Regarder les hommes face à la mort nous invitait à quitter toute bien-pensance, toute normativité, nous faisait plonger dans le monde de la controverse, de la pensée complexe, dans l’altérité radicale. L’équipe entière se sentait transformée par cette recherche. Sans tout savoir encore de la forme du spectacle, nous savions en tous cas, que, tout comme les grands textes, les grands sujets sont des écoles.
En mars 2020 commençait une période de plusieurs mois de confinement en France suite à la pandémie de Covid 19. Avec elle, une remise en cause de nos vies intimes et professionnelles, une crise de sens lié à notre pratique, à sa nécessité, à nos engagements. Une crise de foi en somme. Que peut le théâtre fasse à la réalité concrète, palpable, imminente ? Face à la peur, face à la mort, face à la maladie ?
Nous nous étions engagés dans cette enquête sur la mort avec une certaine distance et voilà que la réalité nous rattrapait, que chacun d’entre nous se retrouvait soudain confronté à la violence de la situation. Comment continuer à travailler sur un tel sujet dans ce contexte ? comment le faire sans se faire plus mal encore ? Sans se mettre en danger ? L’hypocondrie, la superstition et autre pensée magique planaient au-dessus du projet. Le doute aussi. Comment en effet imaginer présenter un tel spectacle au public au sortir de cette crise ? Qui aurait envie de revenir dans une salle de théâtre, avec un masque, pour s’entendre parler de la mort après ce que nous étions en train de vivre ?! D’aucun prétendait que le public aurait plus que jamais le besoin de rire, de se divertir : littéralement, se détourner de la mort !
Effrayés de la concomitance de notre sujet avec l’actualité, nous avons un instant évoqué la possibilité de le transformer. Mais nous ne cessions pas de travailler pour autant, nous réunissant une fois par semaine sur internet. Nous étions trop fermement en chemin, nos découvertes étaient trop stimulantes : il nous fallait en découdre. Et puis est apparue la certitude que, au contraire, cette pandémie invitait notre société à repenser sa relation à la mort de façon urgente et que le théâtre était le lieu où un rituel le permettant était possible. Sortir du flux médiatique pour faire un pas de côté, prendre un peu de hauteur, oser venir au théâtre pour y mesurer ensemble sa fonction cathartique.
Cette crise nous a fait mesurer combien le déni de la mort participe à augmenter l’angoisse collective. Au lieu d’être considérée dans nos sociétés occidentales comme notre destin à tous, une réalité sur laquelle il faut méditer car elle est inéluctable, la mort devient l’ennemi à combattre. Ce déni entretient l’illusion de la toute-puissance, du progrès infini. Il nous conduit à ignorer tout ce qui relève de la vulnérabilité, la nôtre y comprise. Il est responsable d’une perte d’humanité. Enfin, appauvrissant nos vies, ce déni nous fait rester à la surface des choses, loin de l’essentiel, il ne nous aide pas à vivre.
Nous avons entre 30 et 40 ans et nous avons eu la chance de pouvoir considérer pendant longtemps que la mort était une chose bien triste qui généralement n’arrivait qu’aux autres. Puis la vie passant, il a bien fallu que la mort fasse irruption dans nos vies, déflagration inévitable dans l’immortalité bienheureuse qui était la nôtre. Nous sommes devenus des êtres friables et périssables, peureux et effrayés. Une vie nouvelle a pris la place, se nourrissant de petits bonheurs et de seconde d’éternité, de joies éphémères et de la beauté des instants... Les insolents que nous fûmes apprirent le gout précieux de la vie : « tout cela ne durera que peu, goutons le avec délectation, rions à gorge déployée et que le théâtre nous vienne en aide ! »
Ce spectacle est le récit d’une enquête intime et collective sur la vie, une ode au jeu, à l’instant présent et au théâtre, seul lieu qui puisse nous apprendre à mourir. Ce spectacle est un hommage à ce qui fait de nous des êtres désirants et fraternels. Ce spectacle est dédié à ceux qui sont partis, aux absents qui nous accompagnent. Ce spectacle est une déclaration d’amour À la vie !
Elise Chatauret, Août 2020
PRODUCTION
Compagnie Babel - Élise Chatauret
COPRODUCTIONS : MC2 Grenoble ; Malakoff Scène Nationale ; Théâtre Romain Rolland, Scène conventionnée d'intérêt national de Villejuif ; Théâtre d’Arles, Scène conventionnée d’intérêt national – art et création – nouvelles écritures; le Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national.
SOUTIENS : La compagnie est conventionnée par la Région Île-de-France et le Ministère de la Culture DRAC Île-de- France.
Avec l’aide à la création du département du Val-de-Marne, de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France, de l’ADAMI et de la SPEDIDAM. Avec le soutien du Centquatre-Paris et du Nouveau théâtre de Montreuil – Centre dramatique national.
De 2018 à 2020, la compagnie est en résidence artistique au Théâtre Roger Barat d’Herblay-sur-Seine, avec le soutien de la Ville d’Herblay, de la DRAC Île-de-France, du Conseil général du Val d’Oise et du Festival théâtral du Val d’Oise. La compagnie est en résidence à Malakoff Scène Nationale en 2019, 2020 et 2021. A partir de janvier 21, la compagnie est associée au Théâtre des Quartiers d’Ivry-Centre dramatique national du Val-de-Marne et au Théâtre de la Manufacture, Centre dramatique national Nancy-Lorraine.